F. Dynamique de la population
1) Dans une colonie
En hiver, s’il y a rupture de ponte et absence de couvain, Varroa destructor ne peut pas se reproduire. La population de varroa décroit par les mortalités naturelles. La rupture de ponte n’est pas systématique en hiver. Elle dépend de la région, du climat et de la température. Dans les régions avec un hiver doux il se peut que la reine continue à pondre pendant l’hiver.
Pendant la belle saison, entre 70. et 90 % de la population de varroa est dans le couvain operculé.
Des modèles mathématiques ont été développés pour estimer l’évolution de la population de varroa sur une saison, soit environ 6 mois. Etant donné les contraintes liées au cycle de son hôte pour la reproduction, l’hypothèse que la population de départ double environ tous les 20 à 30 jours a été retenue.
Ces modèles montrent l’évolution de la population à partir d’une faible infestation au printemps. Cependant ils ne prennent pas en compte la ré-infestation à partir des colonies environnantes, qui est un phénomène important.
Ces modèles ont permis d’établir des seuils critiques qui sont utilisés dans la gestion de varroa.
Avec 50 varroa en début de saison le seuil critique est atteint fin aout. Le seuil critique est atteint encore plus vite si on prend en compte la transmission entre colonies qui est un phénomène majeur.
La rapidité d’augmentation de la population est influencée par le nombre de varroa présents en début de saison, c’est à dire ceux qui ont passé l’hiver en phorésie sur les abeilles. La présence de couvain de faux-bourdons favorise également l’augmentation de population.En fonction de l’infestation initiale, le résultat en fin de saison peut être dramatique.
Sous climat tempéré une colonie non traitée meurt en 6 à 24 mois. Sa mort est précipitée par une synergie de varroa avec des infections virales. (Le Conte, 2010)
La dynamique de la population de varroa peut être très variable entre ruches d’un même rucher. Elle dépend de caractéristiques de l’hôte et du milieu : disponibilité en couvain, présence de couvain mâle, essaimage, immunité de l’hôte (capacité à se défendre), climat et disponibilité en nectar.
2) Transmission entre colonies
Pendant la phase de phorésie, Varroa destructor peut changer d’hôte dans la ruche mais aussi passer d’une colonie à l’autre. Si Varroa destructor a une préférence pour les nourrices qui s’occupent du couvain, on le trouve aussi sur des butineuses qui voyagent hors de la ruche.
La transmission entre colonies peut s’effectuer de plusieurs façons :
- – Lors des pillages : les ruches faibles (malades) sont pillées de leurs réserves par des abeilles venues de ruches plus fortes. (Forfert, 2015)
- – Lors de la dérive des butineuses : ce sont des abeilles qui se « trompent » de ruche et intègrent une ruche infectée. Ce mode de contamination est fréquent. (Aronstein, 2012)
- – Lors de butinage sur des fleurs. Varroa attendrait sur une fleur l’arrivée d’une abeille. Ce phénomène est décrit sans pour autant qu’on sache s’il s’agit d’un mode fréquent de contamination. (Peck, 2016)
La transmission entre colonies est un phénomène majeur, très important dans la recontamination des ruches saines et qui modifie nettement la dynamique de population de varroa dans une ruche, impliquant un seuil critique atteint beaucoup plus tôt au cours de la saison.
Durant la saison apicole les ruches indemnes ou peu infestées se font rapidement re-contaminer par les autres ruches du rucher ou des ruchers voisins, et par les ruches abandonnées non traitées, qui posent un réel problème dans la lutte collective. Cette recontamination inévitable a lieu en quelques semaines. (Aronstein, 2012)
On estime ainsi que sur une saison, jusqu’à 4000 Varroa peuvent ré-infester une colonie. (Imdorf, 2003)
L’importance de la transmission entre colonies implique que la lutte doit être menée collectivement à l’échelle d’un territoire. Les ruchers non traités d’un voisinage sont autant de sources de ré-infestation possibles pour un apiculteur.