E. Synchronisation avec le cycle de l’abeille :

1) Rappel du cycle de l’abeille

Développement des ouvrières et des faux-bourdons

Il faut 21 jours pour que naisse une abeille ouvrière, et 24 jours pour que naisse un faux-bourdon.

La reine pond des oeufs dans des alvéoles préparées par les ouvrières. Les alvéoles sont de taille plus importante pour le couvain de faux-bourdons que pour le couvain d’ouvrières.

Au bout de 3 jours, une larve sort de l’oeuf. La larve va se développe en 6 jours pour une ouvrière, 6,5 jours pour un faux-bourdon. Elle subit plusieurs mues, est nourrie, grossit jusqu’à occuper toute l’alvéole.

C’est au 5ème jour de son développement qu’elle est la plus attractive pour varroa. Cette attractivité dure un peu plus longtemps pour les larves de faux-bourdons, dont les cellules sont operculées quelques heures plus tard que les ouvrières.

Après l’operculation de la cellule de couvain, la larve file son cocon et se transforme en pronymphe. Varroa destructor doit prendre garde à ne pas se laisser piéger entre la paroi du cocon et de l’alvéole.

Le stade nymphal, qui correspond au moment où Varroa destructor se reproduit, dure 12 jours pour une ouvrière et et 14,5 jours pour un faux-bourdon.

L’abeille va subir de profondes transformations morphologiques pendant ce stade. Elle passe d’abord par un stade de pronymphe, pendant lequel se dessine les grandes lignes de sa morphologie, puis de nymphe, pendant lequel les organes se développent et enfin d’imago, qui est le stade terminal de son développement.

La nymphe est immobile et ne se nourrit pas, contrairement à la larve.

09_COUVAIN_NON_OPERCULE

Cycle annuel d’une colonie

La population dans une ruche varie au cours d’une année. En phase hivernale, entre novembre et février, la ruche vit au ralentit, la reine ne pond pas, il n’y a pas de couvain. Cette période sans couvain dure plus ou moins longtemps en fonction des régions et du climat. Les abeilles se regroupent en formant une grappe pour se tenir chaud. Il y a moins de 10000 abeilles dans la ruche.

A la fin de l’hiver, il ne reste dans la ruche que les abeilles nées à l’automne précédant. On les appelle les abeilles d’hiver, elles ont des caractéristiques spécifiques.

Dès le début du printemps, la reine recommence à pondre et la population augmente dans la ruche. jusqu’à atteindre un pic de 60 000 abeilles fin mai. Puis la population de la ruche décroit, d’abord lentement puis de manière plus marquée à partir du 15 juillet. Après le 15 août, la ponte ralentit nettement et les abeilles se préparent à passer l’hiver.

Les faux-bourdons ne sont pas présents toute l’année dans la ruche mais seulement pour assurer la reproduction au printemps. Leur nombre est limité comparé à celui des ouvrières, puisqu’ils sont au maximum 6000.

2) Conséquences

Le cycle de varroa est dépendant de celui de son hôte et se synchronise dessus.

En l’absence de couvain, Varroa passe l’hiver sans se reproduire, en se nourrissant sur les abeilles d’hiver.

Dès que la reine recommence à pondre, varroa peut recommencer à se reproduire.

Les cycles de reproduction sont intimement liés, c’est un signal chimique émis par l’abeille qui initie la reproduction de varroa (Frey, 2013). L’attractivité des larves d’abeille L5 ne dure pas longtemps, la fenêtre pour varroa est donc étroite s’il veut initier sa reproduction.

Un autre facteur limitant pour varroa est la durée de la phase de couvain operculée. Encore plus courte chez l’ouvrière que chez le mâle, elle ne permet à varroa de pondre que entre 5 et 6 oeufs. A partir de ces oeufs, seulement 2 à 3 femelles auront assez de temps dans l’alvéole operculée pour arriver à maturité et être fécondées.

La forte synchronisation du cycle de l’abeille avec celui de Varroa destructor implique qu’à chaque jour de développement de l’abeille dans l’alvéole operculée, on peut associer un nombre théorique de varroa présents, pour une fondatrice entrée dans l’alvéole : en fonction du stade de développement d’Apis mellifera on a toujours la même composition de la famille varroa dans l’alvéole.

La synchronisation des cycles a des implications en terme de gestion de la varroose et du traitement.