B. Particularités et importance de l’abeille d’hiver
Il n’y a pas de différence extérieure visible entre ces deux catégories d’abeilles, les différences sont de nature physiologique. Les abeilles d’hiver ont des corps gras très développés. Les corps gras sont des réserves de graisse réparties dans l’abdomen de l’abeille, sous forme d’un tissus adipeux qui recouvre les parois internes de l’abdomen et s’étend entre les organes abdominaux comme de petits amas disséminés. C’est aussi le lieu de stockage de la vitellogénine27.
Les corps gras des abeilles d’hiver sont bien plus volumineux que ceux des abeilles d’été. L’hormone juvénile, qui induit l’évolution de l’ouvrière vers l’activité de butinage, joue un rôle majeur dans la réduction de son espérance de vie. Elle est très peu présente chez l’abeille d’hiver, ce qui est bien corrélé à sa longévité importante. L’hivernante a en revanche une concentration en vitellogénine très supérieure à l’abeille d’été, notamment dans les glandes hypopharyngiennes et dans l’hémolymphe, où elle représente 30 à 50% des protéines totales. C’est cette charge en vitellogénine qui détermine sa longévité27.
Seules les nourrices ont des taux de vitellogénine comparables aux abeilles d’hiver, mais ces dernières n’ont pas de propension à s’occuper du couvain, ce qui leur permet d’économiser leurs réserves.
Comme tout organisme vivant, l’abeille est agressée par des radicaux libres, qui sont des molécules oxydantes, soit des déchets du métabolisme de l’abeille, soit provenant du milieu extérieur (pollution, pesticides…). Or la vitellogénine, en association avec des atomes de zinc, a la propriété de neutraliser les radicaux libres, et donc de prévenir l’organisme contre le stress oxydatif, ce qui aide l’abeille à lutter efficacement contre le vieillissement. La physiologie de l’abeille d’hiver est donc très différente de celle de l’abeille d’été.