L’apiculture biologique et varroa
Quels sont les principes de base de l’agriculture biologique
En élevage biologique, la prévention des maladies est basée sur :
- La sélection des races : en apiculture, le choix de la race dépend de l’objectif de l’apiculteur, de l’environnement, du climat …Une abeille devant évoluer en région montagneuse n’a pas la même adaptation qu’en bordure de littoral.
- Les pratiques de gestion des élevages : ce sont les bonnes pratiques de base en matière de désinfection, d’entretien des ruches, des emplacements et des nourrissements…
- La qualité des aliments : donc la qualité de l’environnement, pas facile à maîtriser mais primordial pour l’abeille.
- La densité adéquate et un logement adapté : ne pas surcharger les ruchers et des ruches adaptées au climat local (même remarque qu’au premier point). Il y a un parallèle avec le bien-être animal, l’abeille n’y échappe pas.
L’utilisation préventive de médicaments allopathiques chimiques de synthèse est interdite.
Explications: Un médicament est toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales.
Allopathie: concept utilisé par les homéopathes, ensemble de pratiques thérapeutiques ne reposant pas sur le principe de l’homéopathie. L’allopathie correspond ici à l’utilisation de médicament chimique de synthèse.
L’apiculture biologique :
Elle repose sur les mêmes principes généraux avec des adaptations spécifiques à la filière.
Article 18 du REGLEMENT (CE) N°889/2008 de la COMMISSION du 5 septembre 2008 modifié en Mai 2011. : « Il convient d’établir des règles particulières en ce qui concerne la prophylaxie et les traitements vétérinaires en apiculture »
D’un point de vue zootechnique (= soigner ou prévenir en utilisant une technique d’élevage), pour limiter l’infestation par Varroa destructor, la destruction du couvain mâle est autorisée. Il faut savoir que les mutilations d’animaux sont interdites, tel que le clipage des reines par exemple (action de couper une aile à une reine fécondée pour limiter son envol et donc la perte de la reine lors de l’essaimage).
Lorsque les mesures préventives mises en place sont insuffisantes pour maîtriser un problème sanitaire et que les colonies sont malades ou infestées, les ruches doivent être traitées immédiatement à l’aide d’un produit autorisé.
Si un traitement par des médicaments « chimiques de synthèse » est nécessaire, les ruches concernées doivent être identifiées et isolées et la totalité des cires remplacées par de la cire issue de l’agriculture biologique. Dans ce cas, la période de conversion s’applique (12 mois à compter du remplacement des cires).
La période de conversion est le délai imposé pour passer d’une apiculture traditionnelle à une apiculture biologique et pouvoir prétendre à l’appellation des denrées issues de cette production.
En apiculture biologique il existe une autorisation pour remplacer une partie du cheptel (maximum 10%) par des essaims ou des reines « non bios » à condition que les reines et essaims soient placés dans des ruches dont les rayons ou les cires gaufrées soient d’origine biologique.
On constate qu’une des contraintes souvent citées en apiculture biologique est d’utiliser et de trouver des cires issues de l’apiculture biologique.
Les médicaments autorisés/interdits en apiculture biologique
Note bien qu’ils doivent être autorisés dans la règlementation générale (Voir chapitre prescription). Les médicaments vétérinaires peuvent être utilisés en apiculture biologique dans la mesure où leur usage à cet effet est autorisé dans le pays de l’apiculteur. Les autorisés sont les acides organiques, le thymol, le menthol, l’eucalyptol et le camphre. Ceux interdits sont les molécules chimiques de synthèse.
Dans la lutte contre l’acarien varroa, Les produits utilisables sont ceux cités à l’art. 25 du RCE/889/2008 et qui ont soit une AMM (autorisation de mise sur le marché), soit, peuvent être utilisés dans le cadre de préparations extemporanées s’ils sont inscrits à l’annexe I, II ou III du règlement n° 2377/90/CEE. (Ecocert)
Varroa et apiculture biologique
Concernant la varroose, aucun apiculteur de nos régions n’échappe à l’infestation (cas exceptionnel de Ouessant en France, répartition mondiale), la mise en place de mesures préventives respectant le cahier des charges de l’apiculture biologique est primordiale si on veut éviter la mort de ses colonies.
Les traitements allopathiques ne sont pas interdits en apiculture biologique mais une reconversion sera nécessaire via le remplacement des cires.
L’objectif prioritaire est de respecter le cahier des charges et de maîtriser le parasite par les moyens autorisés.
Qu’entend-t-on par mesures préventives ?
On pense à tous les moyens utilisables pour freiner l’évolution de la population du parasite, en tenant compte de ce que la colonie est amenée à produire (du miel, des essaims, de la gelée royale, du pollen…).
Au final, on vise comme en apiculture traditionnelle, à obtenir une réduction de la charge parasitaire (= quantité de parasites dans la colonie) en fin de saison pour bien préparer l’hivernage et obtenir des colonies aptes à produire la saison suivante.
Les médicaments et les mesures alternatives les plus fréquemment cités en apiculture biologique
-Les acides organiques en cours de saison et/ou en hiver, dont oxalique et formique.
-Les médicaments à base d’huiles essentielles en cours de saison ou en préparation à l’hivernage
Associés à des mesures de lutte alternative,
-Le retrait de couvain de mâles,
-L’encagement de reine pour provoquer une rupture de ponte artificielle
-La production d’essaims avec rupture de ponte et traitement associé ou non.
-La sélection mais avec les limites qu’on connait aujourd’hui.
Les limites d’efficacité des traitements sont exactement les mêmes pour les deux filières, il faut quand même noter que l’efficacité de certains traitements « chimiques de synthèse » demeure supérieure aux traitements autorisés en apiculture biologique (voir efficacité). Mais on a déjà évoqué (définition lutte alternative) la volonté des apiculteurs de limiter les intrants chimiques dans leurs colonies, leurs cires et leurs productions et d’anticiper l’apparition des résistances.
On conclut en apiculture biologique à l’obligation de recourir à la lutte alternative de manière quasi systématique. Et à une volonté (ou une nécessité !) d’appliquer les mêmes méthodes dans la filière traditionnelle.
Deux filières, avec au final un même objectif : une lutte intégrée contre varroa la plus respectueuse de l’abeille.