a) Pourquoi utiliser des médicaments dans la lutte contre varroa ?
La stratégie de lutte contre varroa la plus répandue consistait à réduire drastiquement par des traitements appropriés la population de V. destructor en fin d’été (août et septembre) dès la dernière récolte de miel, le but étant de réduire au maximum l’infestation du couvain, afin d’obtenir un développement normal des abeilles destinées à passer l’hiver (Colin, 1989).
Si cette méthode a connu un certain succès à l’arrivée de varroa dans les années 80 en France, on constate aujourd’hui qu’utilisée seule, elle ne suffit pas toujours à assainir les colonies fortement parasitées.
Le principe de préserver les abeilles d’hiver reste la clef de voûte de la gestion du varroa et le médicament a toute sa place dans cet objectif. (Voir schéma importance des abeilles d’hiver)
Mais il ne s’agit surtout plus de croire qu’il suffit d’attendre le mois d’aout (ou pire septembre) pour gérer varroa et sauver nos colonies. Il sera parfois trop tard !
La gestion et le suivi sont préconisés tout au long de la saison, hiver compris !
On a noté dans le chapitre : « la prédation du parasite et les effets néfastes du parasite » que les points critiques d’une infestation par le parasite se situent au niveau de l’individu et de la colonie.
Plusieurs points notables sont à comprendre pour aborder la lutte contre le parasite et l’utilisation des médicaments :
- La pression parasitaire augmente au fur et à mesure de la saison, et son pic coïncide avec la préparation des abeilles d’hiver. Et malheureusement, il n’y a pas d’équilibre entre varroa et apis mellifera aujourd’hui !
Sans gestion du parasite par l’apiculteur, il finira par affaiblir gravement la colonie et la tuer.
- Selon la quantité de parasites présents, les dégâts occasionnés à la colonie peuvent survenir en cours de saison (perte de production, affaiblissement, développement de maladies, mortalités) ou plus tard à la préparation d’hivernage ou encore au cours de celui-ci.
- Si rien n’est fait pour gérer le parasite, il aura un impact majeur sur la préparation des abeilles d’hiver, notamment en diminuant leur espérance de vie. La survie de la colonie sera compromise !
- On a coutume de dire qu’une saison apicole se prépare lors de la fin d’été précédente. La lutte contre varroa fait partie de cette préparation.
- L’association du parasite à certains autres agents pathogènes accélère l’impact sur la colonie avec des effets parfois notés bien avant cette période.
- On parle souvent de traitement automnal du varroa, on devrait plutôt parler d’une lutte intégrée associant la surveillance et la gestion en saison intégrant les différentes méthodes existantes aujourd’hui, associées entre elles et combinées à un traitement de fin d’été (voir les comptages et les méthodes de lutte). Le médicament fait partie de cette lutte intégrée.
- On va voir également que la surveillance doit se poursuivre en automne et en hiver, des traitements complémentaires ou de rattrapage étant parfois nécessaires à cause d’infestations trop fortes ou de réinfestations.
Légende :
Dans le chapitre sur les effets néfastes de varroa, l’impact sur les abeilles d’hiver a été expliqué.
Le traitement de fin d’été vise à préserver les abeilles d’hiver et leurs nourrisses avant elles, pour entre autres, obtenir une durée de vie la plus longue possible des hivernantes afin d’établir la jonction avec la génération à venir ; c’est ce qui pérennise la colonie.
Dans le schéma suivant, on imagine des abeilles d’hiver produites jusqu’au 15 septembre et des survies de 160 à 200 jours et une fin de vie correspondante. On sait que varroa, mal géré, influe négativement cette durée de vie.
Notez les différences obtenues sur la superposition des générations d’abeilles, pour une reprise de ponte au 15 mars (région avec hiver prolongé par exemple). Avec 160 jours de survie, il n’y aura pas de relais entre les générations, vous risquez de découvrir des ruches vides ou mourantes. Avec 200 jours, les hivernantes élèvent la nouvelle génération et reprennent leur cycle normal (jusqu’au butinage) avant d’être remplacée : la colonie redémarre une saison.