c)Le piégeage dans le couvain mâle.

Une méthode biotechnique pas si récente

Depuis les années 60, on sait déjà que le couvain mâle est plus attractif pour varroa. En 1977, Grobov rapporte qu’on peut éliminer 20 à 30 % de varroa d’une colonie en incitant les abeilles à construire des cellules mâles dans des cadres prévus à cet effet et en les enlevant. (Grobov, 1977)

 

La méthode est basée sur trois particularités de la biologie de varroa

1/ les acariens passent l’essentiel de leur temps dans les cellules de couvain operculées.
2/ les acariens peuvent être trouvés 5 à 12 fois plus souvent dans les cellules de mâles que d’ouvrières (photo ci-dessous).
3/ les reproductrices utilisant le couvain d’ouvrière ont une moyenne de 1.3 à 1.4 descendants contre 2.2 à 2.6 dans le couvain mâle.

Varroa sur mâles

Schémas de développement du mâle

En éliminant du couvain mâle d’une colonie infestée, on peut éliminer une proportion importante de varroas sans affecter la population d’ouvrières de la colonie. (Calderone 2005)

Une étude récente a montré que sur un essaim de un kilo, il suffisait de 462 cellules de couvain mâle, avant operculation, pour piéger 95 % de la population varroa contenue dans cet essaim. Attention, en absence de tout autre couvain. (Boot 1995). C’est une étude expérimentale qui démontre surtout l’attractivité du couvain mâle.

En pratique

Il s’agit d’introduire des cadres bâtis ou à bâtir en cellules mâles, (voir technique et photos  cadre mâle plus bas) quand la colonie se développe (printemps/été) et qu’elle commence naturellement à « faire des mâles ». Le cadre est placé en bordure du nid à couvain !

Ces cadres, une fois bâtis, pondus et operculés, seront enlevés de la colonie et détruits. Cette mesure entraine la destruction des varroas qui avaient colonisés les cellules de mâles, abaissant ainsi la charge parasitaire de la colonie.

Retrait cadre mâle

On peut répéter la procédure plusieurs fois au cours de la saison. Tout au moins tant que la colonie veut bien produire des mâles.

Une attention particulière doit être portée sur les dates de retrait du couvain, si on oublie et qu’on permet l’éclosion des mâles de ces cadres, on obtient l’effet inverse : augmentation de la charge parasitaire.

La date de découpe dépend de la vitesse d’allongement des cires, il faut intégrer le temps de construction (on peut compter quelques jours si la colonie est en plein essor), et de la ponte, le couvain mâle est operculé vers 9 jours et met 24 jours à se développer.

En tenant compte de ces critères, la fréquence de contrôle et de découpe du cadre de couvain mâle (re)bâti, pondu et operculé peut être fixée à 21 jours, au-delà des 24 jours on pourrait craindre les premières éclosions de faux-bourdons et la libération des parasites, même si cela suppose une construction et une ponte quasi immédiate.

En général, le couvain est découpé au rucher et le cadre reposé directement dans la colonie, les abeilles reconstruisent en mâle tant qu’on est en phase de multiplication.

Le cycle reprend. On peut renouveler la technique deux ou trois fois.

 

 

Comment faire construire un cadre à mâles ?

Soit en utilisant des cires prévues et moulées à cet effet

Cire gaufrée alvéoles de mâles, 550 au dm²

Soit en ne mettant que des ébauches de cire dans les cadres de corps.

Soit en modifiant légèrement l’architecture des cadres introduits dans la colonie (une barrette de bois posée au tiers supérieur du cadre de corps) ou en utilisant des cadres de hausses dans le corps de ruches.

Cadre mâle

Avantages et inconvénients

Seule, la technique ne permet pas une gestion complète de varroa, mais c’est une bonne mesure d’accompagnement, l’objectif principal est de limiter la croissance de la population parasitaire et de permettre à la colonie d’atteindre la fin de saison en étant moins impactée, on vise aussi une meilleure productivité des colonies.

Une étude menée de 1989 à 1995 en Suisse a montré une baisse de moitié de l’infestation varroa sur des colonies qui subissaient deux ou trois retraits de couvain mâle par rapport à des colonies non gérées de cette manière. (Imdorf A. 2003) sans impact sur le développement de la colonie.

Elle demande du suivi et de la rigueur dans les dates d’intervention planifiées. Une organisation calendaire est la bienvenue.

La cire découpée peut être récupérée. C’est un bénéfice appréciable si les abeilles l’ont construite sans apport extérieur.

Attention, il faut gérer la récupération des cires découpées au  (organisation encore). Un cérificateur est appréciable.

Cérificateur solaire