e) L’encagement de reine
Méthode de lutte populationnelle
Lutte populationnelle : modifier la structure de la colonie, on déséquilibre artificiellement la population (butineuses, nourrices, couvain…) pour permettre ou améliorer un traitement, contre varroa en l’occurrence.
La méthode a été beaucoup étudiée en Italie.
Pourquoi “encager” la reine?
Pour la forcer à s’arrêter de pondre et obtenir une période “hors couvain”…En conservant la reine! On est dans l’esprit d’ un essaimage naturel, mais ici, on controle les dates et on garde la reine.
Elle vise au final à rendre le varroa plus vulnérable au traitement en l’empêchant de poursuivre son cycle dans le couvain, où il est protégé (hormis d’un acide organique). On force le parasite à être phorétique (sur l’abeille). Un exemple concret (et courant) de traitement : l’acide oxalique
Pourquoi acide oxalique et hors couvain ? Des études ont montré une efficacité de l’acide oxalique (sous ses différentes formes d’application) de plus de 90% en application hors couvain. Cette efficacité tombe à 60 % s’il y a présence de couvain. (Imdorf 2003).
L’acide oxalique est souvent associé à l’encagement des reines ou à d’autres méthodes permettant d’obtenir ce statut hors couvain, la rupture de ponte hivernale est la première qui vient à l’esprit… « région-dépendante ».
Pour plus de renseignements sur l’efficacité lors d’encagement de reine accompagné de l’utilisation d’acide oxalique, veuillez consulter le lien suivant : Vandamme J.Tests d’efficacité 2015. LSA n° 273•5-6/2016, pp193-216
Principe de base
L’arrêt de ponte induit un arrêt de reproduction de varroa et un ralentissement de son développement.
Deux « stratégies » ;
– Une lutte en saison pour faire baisser une pression varroa devenant trop forte.
– Ou une lutte en fin d’automne/ début d’hiver (exemple des régions à hiver doux où les colonies ne subissent pas d’arrêt de ponte) pour effectuer un traitement de rattrapage hors couvain et pour ralentir le développement de varroa.
Un point commun, on enferme la reine (photo ci-dessous) pour induire cette absence de ponte et de couvain, en la laissant dans la colonie. La reine est donc enfermée dans sa colonie, a des contacts avec les abeilles, est nourrie normalement. L’objectif est de maintenir une diffusion suffisante de phéromones pour maintenir la cohésion de la colonie et éviter le démarrage d’un élevage.
Elle vise au final à rendre le varroa plus vulnérable au traitement en l’empêchant de poursuivre son cycle dans le couvain, où il est protégé On force le parasite à être phorétique (sur l’abeille). Un exemple concret (et courant) de traitement accompagnant cette période hors couvain : l’acide oxalique

En saison
Utilisable avant la production des abeilles d’hiver, les périodes d’encagement sont donc différentes selon les régions, l’objectif étant de gérer varroa mais aussi d’obtenir des abeilles d’hiver (et leurs nourrices avant elles) en quantité et en qualité suffisante.
La reine est placée dans une cage pendant 24 ou 25jours (un cycle de couvain mâle), il n’y a plus de couvain produit pendant toute cette période, et toutes les abeilles ont éclos à la fin des 25jours. Les varroas ne peuvent être que sur les abeilles.
Il existe des cages simples ou des cages permettant la ponte (mais les œufs ne pourront pas se développer). Les cages permettent la diffusion des phéromones, c’est un élément primordial à la réussite de l’opération et à la réintroduction de la reine par la suite.
A la fin de la période, on réintroduit la reine, et un traitement à l’acide oxalique peut être effectué hors couvain.
Les points importants semblent être la durée d’encagement (24 jours semblent plus intéressant que durée plus courte) et l’application de deux traitements à l’acide oxalique (7 jours d’écart) à la libération de la reine. Une étude a montré 96 % d’efficacité dans ce contexte. (ADARA, 2014)
Remarque : en hiver, pendant la rupture de ponte, un seul traitement à l’acide oxalique est recommandé, le contexte est différent, grappe formée, resserrée, moins d’abeilles.
En hiver
Ici le but est de certifier une absence de couvain, alors qu’on ne l’obtient pas nécessairement dans les conditions naturelles. (Gilles 2015)
On enferme la reine dans une cage (modèle dit ukrainien voir ci-dessous) au milieu de la colonie.

On réduit la colonie sur 5 cadres grâce à des partitions (la partition est un cadre plein, souvent complété d’isolant, qui permet de réduire la taille de la ruche (voir photo ci-dessous) d’octobre à mars (selon les essais et les conditions environnementales, climatiques et botaniques).

Pour l’anecdote, les premiers essais avaient pour objectif de réduire le couvain afin de limiter la consommation hivernale, pas de gérer varroa.
Cette technique permet la réalisation d’un traitement à l’acide oxalique en l’absence complète de couvain.
On libère la reine au début du printemps au moment de la reprise de ponte « classique ». Des échecs de réintroduction sont parfois constatés.
Les colonies ne doivent bien sûr pas avoir été impactées par varroa au cours de l’été, on se situe plus sur un traitement de rattrapage très efficace (traitement complémentaire au traitement d’été permettant de pallier à une efficacité moindre de celui-ci).
Dans les deux cas, on aboutit à une période « sans couvain », intéressante particulièrement pour l’utilisation de l’acide oxalique.
Discussion
Nécessite une certaine technicité.
Des échecs de réintroductions de la reine existent.
Modifications de l’organisation du travail en saison, augmentation des manipulations en période chaude (pénibilité).
Méthode qui semble prometteuse mais pas nécessairement facile à positionner selon les régions, par rapport à la récolte ou à la préparation des abeilles d’hiver.
Concernant la réintroduction des reines, des échecs existent. Disposer de reines de remplacement est un avantage.
Même remarque pour le traitement à l’acide oxalique, relire le chapitre médicament et l’encart qui lui est consacré.